9 juin 2022

« Déconnecter » pour faire jaillir l’inspiration – Rencontre avec l’écrivaine Danielle Dussault au Chalet Gabrielle Roy

 

« DÉCONNECTER » POUR FAIRE JAILLIR L’INSPIRATION

Rencontre avec l’écrivaine Danielle Dussault au Chalet Gabrielle Roy

Crédits : Charles Miller

« C’est l’aventure d’une vie qui consiste à plonger au cœur de sa solitude afin de mieux entrer en contact avec les autres. Plusieurs personnes m’ont dit qu’elles ne pourraient pas vivre de cette façon en étant coupées des réseaux. Pour moi, c’est l’occasion de découvrir le monde subtil des arbres, du massif, des mouvements ondoyants du fleuve et Petite-Rivière-Saint-François. J’ai tenté aussi d’apprivoiser les chemins sur lesquels Gabrielle Roy avait marché. Et je pense que cet extrait tiré du carnet « Le fleuve debout » que je suis en train d’écrire exprime en partie le processus de cette expérience. «  Je longe le chemin de fer pour voir jusqu’où ça me mènera, c’est un exercice de concentration que de marcher sur les dormants, de rouler sur les roches qui les parsèment, d’éviter les enjambements trop lourds, de réduire son pas à des mouvements sans envergure, il faudra bientôt remonter sur le premier plateau de maisons éparses, reprendre quelque part le chemin, peine perdue, il faut marcher longtemps sur la voie ferrée, emprunter ses contournements initiant des promesses pour trouver un possible chemin vers le haut ». 

 

Danielle Dussault, une autrice qui a publié plusieurs récits, nouvelles et carnets, vient de faire paraître deux livres : un recueil de nouvelles intitulé Les ponts de Prague chez Lévesque Éditeur et un carnet Donnez des ailes, publié à L’instant même, carnet qu’elle a eu l’occasion de présenter lors du Festival du livre de Paris en avril 2022. 

Crédits : Charles Miller

Celle-ci, choisie parmi sept candidates par un comité de sélection ad hoc, a le privilège de séjourner en résidence de création au Chalet Gabrielle-Roy à Petite-Rivière-Saint-François afin d’honorer le tribut de cette grande dame de la littérature québécoise et canadienne.

« J’ai mis déjà deux œuvres de Gabrielle Roy au programme lorsque j’enseignais. Même si les livres sont d’une autre époque, il n’en demeure pas moins que les sentiments humains, la relation à la nature sont au cœur de ses livres et qu’ils tendent la main à la génération d’aujourd’hui. J’ai tenté de m’approcher à pas feutrés de l’univers de Gabrielle Roy et, outre les traductions en tchèque, en allemand et en espagnol de quelques-unes de ses oeuvres dont la plus connue « Bonheur d’occasion », j’ai fait, entre autres, la lecture de sa correspondance avec Joyce Marshall et j’ai lu le supplément du livre « La détresse et l’enchantement ». Cette petite plaquette intitulée « Le temps qui m’a manqué » a été écrit en fin de vie, ce récit a constitué un moteur d’écriture important pour moi. »

Crédits : Charles Miller

Madame Dussault, qui sera avec nous jusqu’au 16 juin 2022, souhaite écrire sur les beautés secrètes de la région et nouer une filiation proche de l’amitié et de la tendresse avec la population riveraine. Elle aimerait éventuellement lire quelques extraits de ses œuvres et partager avec eux la nature de son travail. 

Extrait du carnet « Le fleuve debout » en travail

« En venant ici au chalet de Gabrielle Roy, je sais que j’ai dû apprendre à m’incliner devant l’âme des lieux, une main amie m’était tendue au-delà de la nuit, j’ai appris à mieux saisir l’essence de cette femme mystique, à ressentir de près ce petit cœur esseulé entré en étroite relation avec le fleuve, ses mouvements de surprise, le chemin de fer, les grosses pierres et les arbres, j’ai appris à marcher à pas feutrés avec ceux et celles qui sont restés, qui ne sont pas repartis de Petite-Rivière-Saint-François, qui ont su, bien mieux que moi, rester en présence de ce grand mouvement infini qui nous porte tous sur le chemin de notre solitude commune ».

Crédits : Charles Miller

À PROPOS DU CHALET GABRIELLE-ROY À GRANDE-POINTE

À partir de 1958, Gabrielle Roy s’installe à Grande-Pointe, face au fleuve, et elle y passera tous ses étés dans son chalet empreint de simplicité qui demeurera son refuge jusqu’à sa mort en 1983. Dans ce lieu de recueillement, elle écrira plusieurs de ses romans. C’est avec son amie Berthe Simard qu’elle se promène le long de la voie ferrée et recueille le matériel nécessaire pour écrire « Cet été qui chantait », un roman consacré à Petite-Rivière-Saint-François. Le 8 mars 2021, le gouvernement du Québec désignait Gabrielle Roy : « Personnage historique »

Page Web officielle : https://www.petiteriviere.com/tourisme/chalet-gabrielle-roy/